Les Glaciers sont vivants                Glaciers... Anatomie

      Géomorphologie de la vallée de Chamonix.     

Nov 2012, le Parc du Couttet va être «requalifié »

Le « Dryas » (ou Dryas ancien) correspond au début du réchauffement qui a mis fin à la dernière glaciation, mais ce réchauffement a connu une brutale interruption (refroidissement qui en environ 500 ans a brutalement fait chuter la température moyenne de 7 °C) suivie d'un réchauffement tout aussi brutal (qu'on appelle « nouveau Dryas ou Dryas récent ») durant lequel la température est à nouveau remontée de 7 °C avant de croitre à nouveau plus lentement.

La vallée de Chamonix a été profondément modelée par la dernière glaciation, celle du Dryas récent (de 12 000 à 10 300 ans).
C'est la dernière séquence glaciaire du Dryas. C'est elle qui a modelé la vallée telle que nous la voyons, aucune autre poussée n'étant venue raboter et aplanir le fond de la vallée depuis cette date.

Le Petit âge glaciaire (1550/1850), lui a laissé les dernières moraines que nous connaissons et voyons, notamment au fond des cuvettes de nos glaciers, Bossons, Mer de glace etc.

Le début du Dryas, à la fin du Würm, une extension glaciaire a envahi totalement la vallée et a créé entre autres la moraine des Chavants aux Houches.
Mais tout cela n'était rien par rapport à la dernière
grande glaciation du Würm, où la vallée était remplie jusqu'à Planpraz / Plan de l'Aiguille, et la calotte Alpine allait jusque dans la région Lyonnaise.


La vallée de Chamonix au Dryas récent.
Dryas
Carte Sylvain Coutterand.

On remarque du Nord au Sud :

Le glacier du Tour bloqué par le glacier d'Argentière évacuait en partie sa glace vers le col des Montets, y déposant les blocs de rochers bien connus que l'on escalade avant le col de Montets, et qui proviennent du secteur de l'Aiguille du Tour ainsi que tous les blocs en granit avant d'arriver au col.

Le petit plat  de Tré le champ était une zone de petits lacs ou marécages sur le bord du glacier lors d'une phase de recul.
Le recul n'est pas linéaire, il est entrecoupé de plusieurs petites réavancées d'une ou plusieurs décennies.
Les petits cordons morainiques successifs en témoignent en divers points.

On retrouve aussi d'importants dépôts granitiques et des moraines très visibles jusqu'aux environs de Vallorcine, ce qui montre qu'une forte poussée a permis au glacier de franchir le verrou du col des Montets lors d'une première phase du Dryas.

Le glacier d'Argentière butait contre celui du Tour au Nord et contre la Mer de glace au Sud. Au Nord entre les deux, construction de la moraine du Planet.

Entre la Mer de glace et le glacier d'Argentière s'est construit une moraine, c'est le Lavancher où la Mer de glace bloquait le glacier d'Argentière, ensuite un petit lac puis une zone marécageuse s'est formée, dûe au lent retrait du glacier. Sur sa droite il a déposé la moraine de la Joux.
La Poya est donc la descente de la moraine du Lavancher.

La Mer de glace allait au centre de Chamonix en construisant ses moraines, à droite celle des Plans, à gauche celle des Planards, et au centre la moraine du Casino, et la butte vers la gare et le Lyret.
Une poussée antérieure allait jusqu'aux Tissours.

De là, et sous les Pélerins et les Gaillands, un grand lac était bloqué par le glacier des Bossons. Sans doute un superbe complexe glacio-lacustre.

Les glaciers des Bossons et de Taconnaz se rejoignaient, n'en formant qu'un seul, un dôme qui s'étalait au fond de la vallée, avec un grand lac au bout qui allait de la sablière jusqu'à l'actuel barrage des Houches.

Les glaciers des Pélerins, de Blaitière etc descendaient très bas.

En Italie les glaciers remontaient dans le Val Vény, ceux du Val ferret bloquant le passage vers le bas.


1/ La confluence glacier du Tour / glacier d'Argentière.

Vue du village du Tour, vers l'aval.001

Confluence vue depuis le versant Aiguilles rouges.
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Vue du Planet (vers la voie ferrée du train)
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Vue vers le haut, direction du Col des Montets.
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Vue de Tré le champ.                                                                                                                             Vue du Planet.
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Vue depuis un sentier au dessus d'Argentière.                                                                  Vue depuis un peu avant le sommet du col des Montets.
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Plan de la Grange, sentier à gauche avant le col des Montets.                                                                                 Peu avant le col des Montets.
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2/ La confluence Glacier d'Argentière / Mer de glace.

Au village d'Argentière, le glacier d'Argentière au Dryas, on voit aussi la moraine du PAG de 1850.10

Rive droite, le glacier dépose la moraine de la Joux, puis il se crée un complexe glacio-lacustre lors du recul.
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Rive gauche, le glacier d'Argentière se bloque contre la Mer de glace qui débouche sur le Lavancher.
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Le grand conflit des 2 grands glaciers qui créent la moraine du lavancher, que l'on longe par la Poya.
Puis un lac se forme au cours d'un stade de recul glaciaire.
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Dépôt de nombreux blocs de granit et cordons morainiques, qui montrent des reculs entrecoupés de ré avancées d'une ou plusieurs décennies.
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En haut c'est le Lavancher, puis en bas après avoir franchi la Poya, c'est la Mer de glace qui occupe la vallée.
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La Mer de glace, qui sur sa rive droite "pousse vers le Lavancher, et en son centre occupe la large vallée en totalité.
On voit aussi la moraine récente du petit âge glaciaire en qui date de 1
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3 / La  Mer de glace à Chamonix.

La Mer de glace occupait toute la largeur de la vallée, et son front se trouvait au centre de l'actuel Chamonix.

Ses moraines étaient les suivantes :
- Moraine gauche (vers l'aval)  : Les Planards.
- Moraine centrale : La moraine du Casino.
- Moraine droite (vers l'aval) : Les Plans.

A l'époque, la moraine des Planards au dessus du village de la Frasse et des Mouilles, était continue jusqu'à l'actuel Casino au centre ville, mais la construction de la voie ferrée il y a un siècle, de la gare SNCF et de celle du Montenvers, bien qu'un peu surélevée par rapport au centre de Chamonix, a nivelé tout le terrain.
Seule subsiste la moraine du casino, bien cachée entre l'arrière du Casino et la quartier du Lyret et de la gare.
Il convient de protéger absolument et de conserver en l'état, ce dernier témoignage de la présence de la Mer de glace, contre les appétits de l'urbanisme galopant de la vallée.

Ensuite on trouve l'Arve qui par ses divagations et ses crues a complètement fait disparaitre toute trace de moraine.

On retrouve la moraine droite (vers l'aval) au niveau de l'ancien hôpital, et la raide montée de la MAPA en est le premier échelon. Le village des Plans quand à lui est cette moraine, tout comme les Planards en face.

Le train du Montenvers, dès son départ monte assez nettement, et jusqu'au croisement de Planards gravit cette ancienne moraine, avant de s'attaquer directement à la pente de la montagne.




La moraine des Planards.
                                         Le pied de la moraine des  Planards au niveau du village de la Frasse.
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La moraine du Casino.

Cette moraine n'est pas la langue terminale maximum de la Mer de glace lors du Dryas récent, mais le dernier maximum qui a laissé ces traces bien visibles.
Le maximum de la Mer de glace au Dryas récent se trouvait au niveau des Tissours, plus bas que le téléphérique de l'Aiguille du Midi.

La limite du glacier se trouvait dans l'eau d'un lac qui occupait la zone qui va de l'école Jeanne d'Arc aux Pélerins et aux Gaillands.
L'actuel lac des Gaillands provient des travaux de construction de la voie ferrée, il y a un siècle.

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Le "stade de Chamonix".

Ce maximum glaciaire a été défini initialement comme « Stade de Chamonix » par Mayr [1969] et régulièrement repris depuis.
Il tient ce nom à la présence d’une moraine frontale, à 1040 mètres d’altitude, édifiée par la Mer de Glace dans le parc du Casino actuel.
De nouvelles recherches sur le secteur ont apporté des éléments complémentaires pour la reconstitution paléogéographique [Dorthe-Monachon, 1986 ; Wetter, 1987 ; Lucena, 1998]. Il convient de parler désormais de complexe de Chamonix, dont les différents cordons morainiques sont issus de la Mer de Glace

Les moraines latérales du complexe de Chamonix ne sont plus guère visibles actuellement en rive droite de l’Arve du fait de l’urbanisation.

Elles se localisaient près de l’ancien hôpital (blocs anguleux pluridécamétriques de granite du Mont-Blanc dans les fouilles du chantier de la MAPA et de la résidence MGM) et au Sud du quartier des Plans où G. Conard [1931] signale « deux petites crêtes parallèles ».
En rive gauche, on observe, au niveau du Biollay, trois cordons distincts aux altitudes respectives de 1091 m (Biollay I), 1062 m (Biollay II), et 1057 m (Biollay III). 800 mètres plus en amont, au niveau des Planards, on remarque un replat justaglaciaire de type terrasse de kame s’échelonnant entre 1150 m et 1200 m d’altitude et se raccordant au stade du Biollay I, moraine la plus externe. La moraine la plus interne (Biollay III) se raccorde à la moraine frontale du stade de Chamonix- Casino, située 400 m en aval.

Cette moraine du Casino de Chamonix est dissimulée en plein centre ville de Chamonix, en arrière du Casino. Elle est caractérisée par un lambeau de moraine frontale, haute de 5 à 6 m sur sa face interne ; l’ensemble culmine à 1040 m.

Nov 2012, le Parc du Couttet va être   «requalifié »

Un architecte paysagiste vient conseiller les élus pour redessiner ce parc de centre ville  laissé à l’abandon. Son accès rue de la Tour sera agrandi et amélioré. L’actuel grand parking de 50 voitures du Casino sera supprimé et rendu au parc. Seules 22 voitures pourront se garer devant les baies du restaurant. 70 arbres, pour la plupart  malades ou sénescents, seront abattus.  En compensation 42  grands arbres et 2000 arbustes  seront plantés. La volonté est de redonner à la butte l’aspect de prairie qu’elle avait au début du XXème  siècle, ouvrant la vue sur le Mont Blanc. Un cheminement piéton en béton désactivé le long de l’allée de la Tournette, puis  en dalles de Luzerne sur la butte sera aménagé. Les chemins Gabriel Loppé et du Foly seront rénovés.  Dans un deuxième temps, la tour observatoire sera restaurée. Le PLU, qui du temps du maire Michel Charlet prévoyait une large zone constructible dans le parc, devra être corrigé et harmonisé (grâce à l’opposition municipale, ces projets d’immeubles n’ont pas vu le jour !).
266 000 euros sont inscrits pour l’opération qui va débuter cet automne. Le maire fait grand mystère des projets pour la villa de la Tournette et pour l’Hôtel Couttet : « on va bientôt statuer » promet-il. Peut-être, laisse-t-il entendre,  un « appel à projet culturel » pour la Tournette, peut-être une « valorisation touristique » pour l’hôtel ? Il n’en dira pas plus ce soir là. Les élus de notre liste ne sont au courant de rien...

Le Dauphiné libéré

4 / Glaciers des Bossons et de Taconnaz, et les lacs.

A l'avant de la Mer de glace s'étendait un lac assez profond, l'eau de fonte des glaciers et les eaux pluviales ne pouvant s'évacuer, bloquées par un dôme de glace formé par la confluence du glacier des Bossons et de Taconnaz.

Plus bas encore au niveau des sablières des Houches, un autre lac très vaste, bloqué par les éboulis laissés là par le recul de la glaciation du Würm, ou issus des torrents et du transport de roches par les glaciers.

La vallée de Chamonix présentait alors l’aspect d’un magnifique complexe glacio-lacustre.


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Image de Chamonix lors du Dryas récent.
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Image ujf.grenoble.frimages. (?)
Tableau de Viollet-Le-Duc qui a imaginé ce qu'était la vallée alors qu'elle "hébergeait" encore les vestiges du Dryas récent.

14 000 ans avant nous, la Vallée de Chamonix est encore occupée par la glace, tous les glaciers du massif sont jointifs.
Le front du glacier atteint la plaine des Chavants et la langue terminale les Gorges de l'Arve (en aval du Viaduc Ste Marie), témoin du stationnement du glacier ; la moraine à gros blocs de granite du Mont-Blanc (le Clot) au-dessus de la Gare des Houches (1150 mètres) .
Le climat se réchauffe rapidement, c'est la fin de la glaciation du " Würm".

Quelques centaines
d'années plus tard, la vallée est totalement déglacée et occupée par un vaste lac entre les Tines et les Houches, son origine est liée au profond surcreusement de la vallée par les glaciations passées.
Ce vaste plan d'eau sera en quelques millénaires comblé par les alluvions de l'Arve.
Le lit rocheux se situe vraisemblablement quelques centaines de mètres sous la surface de la vallée actuelle.
(Sylvain Coutterand).


Sur ce graphique la flèche du temps est orientée vers la droite. Le réchauffement du «nouveau Dryas» qui a suivi un brusque refroidissement (« Alleröd ») est ici visible dans la partie de droite de la courbe en U qui présente une «anomalie» des teneurs en un isotope de l'oxygène qu'on sait corrélée à la température extérieure de l'atmosphère (ici dans l'hémisphère nord). Une marge d'incertitude subsiste quand à la datation, car le gaz des bulles d'air n'a pas exactement le même âge que celui de la glace qui l'emprisonne aujourd'hui.

Le premier graphique de la page montre la partie "Dryas récent", qui a été la dernière poussée glaciaire de cette glaciation, il y a 11 000 ans.


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Après la fin du Würm, le réchauffement qui a conduit au climat que nous connaissons actuellement a été interrompu par une nouvelle période froide, le Dryas récent. De 12 000 à 10 300 ans BP environ, les températures ont à nouveau baissé, sans retrouver toutefois des valeurs aussi basses qu'au cours de la glaciation précédente. Ce refroidissement a été suivi par un réchauffement extrêmement rapide, le passage du Dryas récent au Boréal s'étant produit en moins de dix ans !

Quelle peut être la cause d'un revirement aussi subit des températures ? Serait-il possible qu'il soit imputable à la vidange du lac Agassiz.

Lorsque, à la fin du Würm, les glaciers de la calotte nord-américaine se sont retirés vers le nord, un grand lac, le lac Agassiz, est apparu sur leur marge sud. On estime sa surface à 350 000 km².
Dans un premier temps, les eaux de fusion de la calotte glaciaire s'écoulaient vers le Mississipi (1). Mais lorsque le retrait vers le nord s'est accentué, la vallée du Saint-Laurent (2) a constitué un exutoire plus aisé pour les eaux et le lac s'est vidé alors très rapidement, en une ou quelques années. Un refroidissement généralisé semble alors s'être produit.


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Pour comparer, la grande glaciation du Würm, en Haute Savoie.
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Carte : geologie-montblanc.

Cette nappe de brouillard m'a permis de montrer ce que pouvait être la vallée de Chamonix en dernière partie du Würm,
 avec une perte de 500 à 660 m de glace par rapport au maximum.

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Chronologie alpine.
Période glaciaire Âge
(années)
Période interglaciaire
1re période glaciaire, de Günz 600 000  
540 000 1re période interglaciaire, de Günz-Mindel
2e période glaciaire, de Mindel 480 000
430 000 2e période interglaciaire, de Mindel-Riss
3e période glaciaire, de Riss 240 000
180 000 3e période interglaciaire, de Riss-Würm
4e période glaciaire, de Würm 120 000
 10 000 Fin du Dryas 

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